L’ENS de Maroua et le faux problème de marginalisation
C’était prévisible. Les élus du grand Nord grognent de n’avoir pas raflé toutes les places disponibles de l’ENS de Maroua au terme du concours dont les résultats ont été récemment publiés par le MINESUP. En clôture de la 3ième session ordinaire de l’année législative 2008, ils ont interpellé l’autorité au point de menacer de quitter l’assemblée. En fait de revendications, il faut signaler que l’ENS de Maroua est une récompense politique promise depuis longtemps au septentrion pour son attachement aux idéaux du renouveau. Mais voilà, il semble que la promesse ait été biaisée par le jury du concours d’entée dans la dite école. Avec 555 reçus sur 3907, soit 14 pour cent de réussite, la compagnie à Théophile Baoro n’est pas satisfaite de la part du gâteau qui leur a été octroyé. Car, disent-ils, le gouvernement leur en avait promis le 60 pour cent.
Rétrograde
Incompréhensible attitude que celle des élus du Grand Nord qui semble oublier qu’on ne construit pas une nation sur la socle brimbalant des admissions fantaisistes sois disant régionales aux grandes écoles –même si c’est la règle chez nous ! Quoi ? La méritocratie ? Ils n’y pensent certainement pas. L’université de Maroua, c’est, en leur en croire, l’Université des nordistes. N’aller surtout pas leur parler d’intérêt de la nation ou de nationalisme. Le Cameroun se dirige, avec ces politiques troubles de régionalisation des concours, vers des difficultés inenvisageables. Il est temps que les particularismes tribaux et régionaux laissent la place à une véritable conscience nationale susceptible d’empêcher, à l’avenir, des dérapages comme ceux observés à l’Assemblée hier. Avec la décentralisation en cours, il y a lieu de craindre que les conseils régionaux ne se transforment en assemblées tribales et bonjour la balkanisation du Cameroun.
Vers une atmosphère tendue
Au rythme de cette contestation, l’ENS de Maroua risque de susciter l’hostilité populaire à l’endroit des étudiants non ressortissants du grand Nord. C’est en réalité comme un signal à que les élus envoient à toute la population du grand nord, les incitant à la haine et la marginalisation de tout ce qui n’est pas septentrion. Et on sait très bien que la colère populaire n’est jamais de simples discours, mais des actes irrationnels et parfois brutaux. Véritablement, la pays est au bord du chaos.
Vivement la révolution camerounaise !