ARRESTATION DE LAURENT NKUNDA : LA PAIX HYPOTHEQUEE ?
La mise en résidence surveillée de Laurent Nkunda le 22 janvier est le fruit d’une fine machination qui, au-delà des apparences, représente un frein aux efforts de pacification de l’Est-Congo.
Le fameux général Nkunda a donc finalement été arrêté par l’armée rwandaise. L’annonce de cette nouvelle dans la nuit du 22 janvier a suscité une vague de satisfaction au sein de la communauté internationale. Soit. Mais il est trop facile d’en conclure à la fin du phénomène Nkunda. Une reconsidération profonde des évènements intervenus depuis octobre 2008 dans l’Est du Congo révèle, à bien des égards, l’éventualité d’une résurgence inopinée de Laurent Nkunda sur la scène politico-militaire congolaise.
Double traîtrise
L’arrestation de Nkunda est la résultante d’une machination politique savamment orchestrée par les gouvernements rwandais et congolais et la complicité du Général Bosco, chef d’Etat major de la rébellion du CNDP. Il y a d’abord eu, fin décembre, la destitution controversée de Laurent Nkunda par le général Bosco. Puis, le 20 janvier, l’accord plutôt curieux entre le Rwanda et la RDC
Attention au come-back de Nkunda
La politique est une sphère mystérieuse où les voltes faces les plus spectaculaires sont normales. La complicité d’antan entre Kagamé et Nkunda laisse subsister la plausibilité de sa libération. Déjà, le 26 janvier, le secrétaire général adjoint du CNDP a lancé un vibrant appel pour la relaxe pure et simple de son chef. On peut, légitimement, suspecter que les 4 000 combattants du CNDP ne rejoignent pas tous Bosco et réaffirment leur loyauté à Laurent nkunda. En ce sens, nul doute que des exactions d’intimidation s’amplifient dans l’optique d’obtenir la libération du rebelle. Le retour de Nkunda est une sérieuse hypothèse. L’extradition réclamée par les autorités de Kinshasa est irréaliste et dangereuse pour l’établissement d’une paix durable dans la région du Kivu. On ne saurait négliger l’implication active, dès début décembre, de Laurent Nkunda dans le processus de paix. Il est un acteur incontournable que l’on doit sagement ménager et ramener subtilement sur les entiers de la réconciliation véritable. Sans nier les crimes qu’il a inhumainement commis, il serait plus pragmatique de le libérer, sous condition de sa réintégration au processus d’Amani. S’il est vrai que Paul Kagamé est un expert en real politic comme l’estiment nombreux observateurs, il faudrait qu’il surprenne une fois de plus en concoctant une issue originale à cette impasse politico-militaire et judicaire.